T’es Bath
Three experimental poems in original French and in English translation.
TW: Sexual abuse
I
Machines démembrées ça collapse en bas du canapé
Le radiateur souffle la vitre s’embue
(Un peu de terre dans ma bouche)
Victoire
Invisible
Corps
en demi ton
Ballerines rieuses le pied dérape au bord de l’aiguille
Catapulte ton silence
Dans
le
sol
Ton souffle
Ton souffle
(encore)
Poisseux les mots s’écrasent
Au cœur de ma rétine
Ton secret secrétaire de vices
Tu as pourtant fermé les yeux. Mais
Les loups enfoncent les portes.
Dismembered machines it is collapsing at the bottom of the couch
The heater blows the window fogs up
(Scraps of soil in my mouth)
Win
Invisible
Body
in halftone
Cheerful ballerina a foot sliding off the edge of the needle
Catapult your silence
In
the
ground
Your breath
Your breath
(again)
Sticky words clog
On my retina
Your secret secretary of sins
Although you closed your eyes. But
Wolves smash into doors.
II
On perfore le goudron de rouleaux de pluie
L’enfant souffle l’adulte râle
La violence de son bassin
Est
Sans
Fin
Le sol est sale le bassin tordu de l’enfant est sale
Doit-on garder tous les secrets ?
C’est notre petit secret à nous
Mots
Susurrés
Suant
De
Crasse
“Mon enfant, ma soeur,
Songe à la douceur
D’aller là-bas vivre ensemble !”
L’enfant ne rêve plus
Les ténèbres sont blancs
Les cauchemars sont des monstres à peaux d’hommes.
We are piercing the tar with raining rollers
The child wheezes the adult gasps
The violence of his pelvis
Has
No
End
Filthy is the ground filthy is the twisted child’s pelvis
Do we have to keep secrets?
It’s our little secret
Words
Whispered
Sweating
Of dirt
“Mon enfant, ma soeur,
Songe à la douceur
D’aller là-bas vivre ensemble !”
The child doesn’t dream anymore
Obscurity is colourless
Nightmares are monsters with human skins.
III
T’es bath ma pute
Sous payée soudoyée par le seigneur cristal de shit
Tes yeux à Saint Supplice
Tes yeux à Saint Sulpice
Tes yeux
Œil
Roulade
Névrose
Ton œil noir roule sur le sol le prêtre l’écrase
Borgne confessionnal que parcourt ta langue rêche
Le bois a un goût âcre le prêtre a un goût âcre
Vitraux
Dessinant
Supposément
Tu aurais
Bien
Éteint la lumière mais
Les cauchemars
Sont blancs.
C’est ton coeur que les fidèles mangent.
You’re pretty my bitch
Underpaid bribed by the Lord crystal shit
Your eyes in the church of afflictions
Your eyes at Saint Sulpice
Your eyes
Eye
Roll
Neurosis
Your black eye rolls on the ground the priest crushes it
One-eyed confession that your rough tongue runs through
The acrid taste of the wood the acrid taste of the priest
Stained glass window
Drawing
Supposedly
You would have
Turned the light off but
Nightmares
Are colourless.
It is your heart that the faithful consume.
Mila Prieur
Intention
Je ne choisis pas d’écrire. Je suis complètement esclave de l’action d’écrire. Écrire est une nécessité, et non un choix pour moi. Instantanément, j’ai un besoin irrépressible d’écrire, comme si mon ventre se nouait et qu’un incendie grandissait d’un coup dans mon corps. Les mots sont de la bile qui me brûle la trachée. Je n’ai pas le choix que d’écrire, sans réfléchir, déverser les mots qui poussent mes dents pour être crachés sur le papier. Ces trois poèmes ne font pas exception à ma “manière d’écrire”. Ils m’ont tordu le ventre, serré les os et sont sortis de moi. Chaque poème est un accouchement, plus ou moins violent. Je ne savais pas ce dont il était question dans ces poèmes au début, je n’avais même pas fait le lien thématique entre eux. Je les ai d’abord mis ensemble, ils ont fait groupe, à cause de leur forme similaire, de leur recherche d’une langue nouvelle, d’un agencement des mots nouveau, d’une autre manière de dire. Puis, je les ai relus. Séparément. Ensemble. En boucle. Durant les différentes lectures, j’ai eu : un goût métallique dans la bouche, le corps moite, un son assourdissant dans les oreilles, les yeux écarquillés. Je crois que ces poèmes parlent de viol, d’agression sexuelle, de peur, du corps salit, torturé, de la mémoire fracturée, de la mémoire qui oublie et qui se souvient, du pouvoir des adultes sur des enfants, du silence intimé et du mutisme, de l’insouciance écrasée. Peut-être aussi que ça parle de vengeance, de cauchemar, de vendetta. Ils disent ce que l’on cache, ils disent ce que l’on tait, ils disent la violence la sueur et les nuits froides sans sommeil. Ils disent que ça arrive souvent, que ce sont des violences systémiques, que c’est un quotidien de violence. Ils disent vous n’êtes plus seuls, non, plus jamais seuls. Ils disent je t’entends, je te vois. Ils disent je suis là, donne moi la main, je vais t’aider.
I do not choose to write. I am completely enslaved by the act of writing. Writing is a necessity, not a choice for me. Instantly, I feel an irrepressible need to write, as if my stomach were twisting and a fire suddenly igniting within my body. Words are bile burning my throat. I have no choice but to write, without thinking, pouring out the words that press against my teeth, demanding to be spat onto paper. These three poems are no exception to my "way of writing." They twisted my stomach, clenched my bones, and emerged from me. Each poem is a birth, more or less violent. At first, I didn’t know what these poems were about; I hadn’t even made a thematic connection between them. I initially grouped them together because of their similar form, their search for a new language, a new arrangement of words, another way of saying things. Then, I reread them. Separately. Together. On repeat. During these various readings, I experienced: a metallic taste in my mouth, a clammy body, a deafening sound in my ears, wide-open eyes. I believe these poems speak of rape, sexual assault, fear, a defiled and tortured body, fractured memory, memory that forgets and remembers, the power of adults over children, silenced voices, and muteness. Of crushed innocence, perhaps also of vengeance, nightmares, vendettas. They speak of what is hidden, of what is silenced, of violence, sweat, and sleepless cold nights. They say that it happens often, that these are systemic violences, that violence is a daily reality. They say: you are not alone anymore, no, never alone again. They say: I hear you, I see you. They say: I am here, take my hand, I will help you.